Le bilan prévisionnel

Créer son entreprise n’est pas un exercice sans risque et nombreux sont ceux qui y laissent leurs économies. Mieux vaut être prévoyant, et cela passe par l’établissement d’un bilan prévisionnel afin de s’assurer de la viabilité financière du projet, notamment lors de l’établissement d’un business plan.

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Qu’est-ce qu’un bilan prévisionnel ?

C’est un dossier financier faisant partie du business plan. Il s’agit en réalité d’un véritable support sur lequel reposeront les décisions et les projets à mettre en place dans un but de création ou d’évolution de l’entreprise. Il est essentiellement composé de tableaux financiers tels que le plan de financement, le compte de résultat prévisionnel, un relevé sur le chiffre d’affaires prévisionnel…

Il est tourné vers un exercice d’exploitation futur de l’entreprise, mais doit bien évidemment, pour une entreprise existante, tenir compte des données du passé afin d’estimer au plus juste les résultats futurs… sans pour autant être trop optimiste !

Ce terme n’est pas à confondre avec celui de bilan classique. Bien que tous deux s’adressent à établir un état des lieux des comptes d’une entreprise, le bilan classique est régulier puisqu’il est effectué chaque année pour rendre compte de l’activité passée de l’entreprise.

À l’inverse, ce bilan intervient dans le cadre d’un projet défini, le plus souvent dans une démarche de création d’entreprises, dans le but de se fixer des objectifs atteignables en une certaine durée. Ce travail est généralement réalisé sur une période de 3 à 5 ans.

À quoi sert-il et dans quel cas est-il utilisé ?

Il représente une ligne de conduite à suivre par l’entreprise tout au long de son évolution ; mais concrètement, quelle est son utilité ?

Ce terme est souvent synonyme de rencontre avec le banquier. En effet, les entrepreneurs se sentent obligés de réaliser ce document, car il est demandé par les banques lors d’une demande d’investissement comme pour le besoin en fonds de roulement BFR.

Pourtant il peut être envisagé pour diverses raisons par un entrepreneur :

  • Il peut être utilisé dans le cadre de la création d’une entreprise. Il servira alors de support visant à étudier la viabilité du projet et à estimer la rentabilité future. Dans le cas d’un projet non cohérent, il mettra ainsi l’entrepreneur face à la réalité et lui permettra de remettre en cause le travail d’exploitation de son projet. Il peut permettre de répondre à la question suivante : se lancer en l’état dans la création de l’entreprise ou réviser son projet afin de le rendre réalisable ?
  • Il permet d’anticiper les difficultés sur les éléments de prévisions grâce notamment au barème de trésorerie.
  • Pour une entreprise déjà existante, le bilan de ligne de conduite peut être utilisé dans une optique dé développement ou dans le cadre d’un nouveau projet afin de s’assurer de la rentabilité et des risques encourus par rapport à la situation actuelle.
  • Une fois réalisé, il doit constituer un « guide du fonctionnement » de l’entreprise pour le dirigeant et doit être réactualisé en fonction de l’activité, mais également de la conjoncture actuelle. Il doit permettre de comparer les éléments budgétés avec la réalité des charges et des produits et d’analyser les écarts.

Quels éléments financiers faut-il intégrer dans le bilan prévisionnel ?

Le bilan prévisionnel est constitué d’un bilan , un compte de résultat faisant apparaître

  • les SIG ( soldes intermédiaires de gestion ),
  • un budget global qui précise la nature des différents budgets affectés par postes comptables ( un budget investissement regroupe les immobilisations prévues, un budget approvisionnement regroupe les stocks finaux …),
  • un tableau de trésorerie ( chiffre d’affaires prévisionnel, encaissements, charges fixes , TVA, impôt sur les bénéfices ) comptabilisant les trois premières années d’exploitation et définissant le besoin en fonds de roulement ( financement à court terme qui permet de pallier les écarts de trésorerie entre les encaissements et les décaissements comme payer un fournisseur ),
  • un plan de financement qui établit les besoins financiers au démarrage de l’activité et les ressources financières mobilisées pour les financer ( fonds propres, crédit bancaires, subventions …)
  • et divers ratios financiers comme le calcul du seuil de rentabilité, la CAF ( capacité d’autofinancement ), la marge commerciale ou encore la valeur ajoutée.

Voici quelques SIG qui doivent clairement apparaître au compte de résultat prévisionnel parce qu’ils sont les indicateurs financiers permettant le calcul des ratios financiers énoncés :

  • La production de l’exercice mesure l’activité de l’entreprise : production vendue – production stockée + production immobilisée
  • La marge commerciale ( MC ) mesure la capacité à dégager des profits sur la revente de marchandises : vente de marchandises – coût d’achat des marchandises vendues.
  • La valeur ajoutée ( VA ) mesure la richesse brute créée par l’entreprise et évalue la capacité à rémunérer les tiers ayant participé à la production ( personnel, actionnaires, …): MC + production de l’exercice – consommation en provenance des tiers ( loyer…).
  • L’excédent brut d’exploitation ( EBE ) détermine la trésorerie potentielle générée par l’exploitation pour financer l’entreprise et rémunérer les tiers  : VA + subventions d’investissement – impôts, taxes et versements assimilés – charges de personnel.
  • Le résultat d’exploitation ( RE ) mesure la capacité de l’entreprise à dégager des ressources hors éléments financiers et exceptionnels : EBE + reprises sur provisions d’exploitation + autres produits d’exploitation – dotations aux amortissements et provisions – autres charges d’exploitation.
  • Le résultat financier ( RF ) identifie l’impact de la politique de financement : produits financiers – charges financières.
  • Le résultat courant avant impôt ( RCAI ) : résultat d’exploitation – résultat financier.
  • Le résultat exceptionnel enregistre les éléments non récurrents à l’activité : produits exceptionnels – charges exceptionnelles.
  • Le résultat de l’exercice tient compte du niveau de production, des charges financières et il s’obtient en déduisant les charges d’intérêts liés à l’endettement, la participation des salariés et l’impôt sur les bénéfices

Faire un prévisionnel rationnel et en justifier les composantes : La démarche expliquée

Le premier critère sur lequel s’attardent les destinataires de chiffres et appréciations prévisionnelles, c’est la cohérence de celles-ci. C’est d’ailleurs le critère de base de l’appréciation des estimations et prévisions du business plan, sur lequel se basent les banquiers.

Établir un prévisionnel en 3 étapes

Il est donc impératif de faire une bonne présentation du budget prévisionnel et faire en sorte qu’il soit cohérent et en mesure de justifier les éléments qui le composent. Pour cela, il faut respecter certains principes dans l’établissement de données prévisionnelles que sont :

  • la collecte et la formation des premières prévisions
  • leur validation
  • l’élaboration des prévisions définitives

La collecte et la production des premières prévisions

Pour la réalisation de cette première étape, l’entrepreneur doit dans un premier temps, s’appuyer sur des sources crédibles sur les ressources de trésorerie. Il s’agit entre autres de données sectorielles de l’INSEE ou des chiffres émis par les associations professionnelles qui sont en rapport avec l’activité.

Il serait également judicieux de prendre attache avec les partenaires commerciaux (clients et fournisseurs) afin d’avoir les prix effectifs et surtout, les éventuelles évolutions qu’ils projettent d’effectuer tant dans la fourniture des biens et service qui vous intéressent, leur politique de vente ou d’achat, ainsi que des prix.

En outre, il doit mettre en œuvre ses estimations et son expérience personnelle si elle suffisante et appropriée, ou dans le cas contraire, faire appel à des personnes qui sont capables d’en avoir. Il doit également confronter ces prévisions avec le marché, et investiguez les écarts éventuels afin de comprendre les causes de ce résultat.

Enfin, il faut que l’entrepreneur s’assure que ses prévisions respectent les ratios caractéristiques de l’activité dans laquelle il exerce, s’ils existent.

Il ne faut surtout pas oublier de documenter cette étape, en conservant toutes les sources et justifications des estimations que vous avez effectuées.

La validation des premières prévisions

Il est impératif que l’entrepreneur songe à faire valider ses prévisions par des personnes appropriées afin d’assurer la rentabilité de ce chiffre de financement. Ce sont entre autres :

  • Un professionnel en financement, notamment son expert-comptable ;
  • Un entrepreneur expérimenté ;
  • Un entrepreneur qui intervient dans le même secteur d’activité et qui a bénéficié des fonds recherchés.

Il faut aussi mettre en œuvre les données qualitatives ayant participé à ce résultat.

L’élaboration des prévisions définitives

Ce qu’il faut faire durant la réalisation de cette phase, c’est un travail d’analyse avec parcimonie des différentes observations faites et la vérification des informations reçues pour assurer la rentabilité du chiffre dégagé par cet outil d’investissement pour une exploitation postérieure des ressources.

Puisque le processus peut prendre du temps, il faut s’assurer avant l’émission des prévisions définitives, que certaines données essentielles sur la trésorerie n’aient pas évoluées entre temps, notamment les prix de vente et les coûts d’obtention des biens ou services.

Nos conseils pour réaliser votre bilan

  • N’oubliez pas qu’il est important de vous faire accompagner par un professionnel, compétent et indépendant. Ces deux qualités devraient vous assurer un travail fiable, de qualité et avec une bonne présentation qui va déboucher vers la cohérence du budget prévisionnel !
  • Des objectifs pour qu’ils soient atteints doivent donc rester réalistes ! Si les objectifs sont fixés lors de votre étude trop à la hausse, des écarts entre les données prévisionnelles et le réel vont se créer et mener l’entreprise à sa perte. Ne cédez pas à l’euphorie et essayez autant que faire se peut d’être rationnel et réaliste !
  • Mieux vaut accepter l’aide d’un tiers plutôt que de se lancer seul dans une aventure aussi hasardeuse ! Pour être certain de ne pas commettre d’erreur dans ce type de démarche, mieux vaut l’établir avec l’aide d’un expert-comptable qui saura vous guider et vous conseiller afin de mener à bien votre projet, notamment lorsque celui-ci est complexe. Il est souvent mieux, de faire vos prévisions en équipe, mais jamais tout seul.
  • Réalisez plusieurs versions ! Avant de se lancer dans tout projet, notamment lorsque vous souhaitez obtenir des financements de banques et donateurs divers, mieux vaut prévoir deux bilans prévisionnels, à savoir un « optimiste » conforme à vos attentes objectives liées à ce projet, et un bilan « pessimiste » qui envisagerait un rendement inférieur à ce qui était prévu et vous pousserez à prendre plus de précautions avant de vous lancer à cause des créances et dettes contractées.

Bien qu’il ait des utilisations variées, ce bilan doit respecter des règles strictes concernant sa constitution et regrouper un certain nombre de documents qui vont permettre d’estimer la viabilité de votre projet en fonction de vos apports, de votre activité actuelle et des prévisions que vous faites de l’activité à venir.

Au minimum, il est composé des tableaux financiers suivants :

  • un bilan et un compte de résultat prévisionnel détaillés
  • un plan de financement initial
  • un tableau d’investissement sur plusieurs années
  • un tableau de trésorerie

Dans ces tableaux ou sur des graphiques à part, il est essentiel de faire apparaître tous les indicateurs participant à la mise en place du projet à savoir :

  • la capacité de s’autofinancer,
  • le Besoin en fonds de roulement BFR,
  • le seuil de rentabilité,
  • le chiffre d’affaires prévisionnel,
  • les créances et les dettes,
  • etc.

Différentes étapes sont à respecter :

La réalisation d’une étude de marché

L’étude de marché détermine le positionnement des concurrents dans le secteur visé ( type d’entreprises déjà en place, localisation géographique, offre proposée aux clients, type de clientèle, chiffre d’affaires moyen réalisé par la concurrence sur différentes périodes , plan du local à acquérir, aménagements prévus etc…)

Le bilan prévisionnel doit être annexé au business plan

Il regroupera les éléments financiers en plus de certains indicateurs et sera déterminant pour évaluer la viabilité du projet avant de créer une structure. Lorsque la création de l’entreprise nécessite un financement bancaire, le banquier s’appuiera sur le bilan prévisionnel  pour rendre sa décision.

Réaliser un bilan prévisionnel nécessite cependant des compétences comptables, financières et fiscales pour ne pas commettre d’impairs ( choix de la forme juridique, statut de l’entrepreneur, fiscalité, régime de TVA…). Dans ce contexte de démarrage d’activité identifié comme étant complexe, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner d’ un expert-comptable.

Le bilan prévisionnel est un véritable sésame pour le futur chef d’entreprise et les tiers qui doivent être informés du niveau d’activité produit par l’entreprise ( banquiers, actionnaires, fournisseurs et autres partenaires commerciaux pour obtenir une marge commerciale ou un délai de paiement  …). On le qualifie de « feuille de route » car c’est un outil de gestion essentiel permettant la mise en parallèle de la réalité économique avec les prévisions financières établies. Au démarrage d’une activité, le bilan prévisionnel met en lumière des indicateurs économiques et financiers qui déterminent la viabilité et la rentabilité de l’activité.

Le bilan prévisionnel reste ensuite une pièce maîtresse pour mener une politique de développement nécessaire au positionnement de l’entreprise face à la concurrence. Il permet au chef d’entreprise d’identifier les carences futures et d’y faire face le cas échéant. En général, il est conseillé d’établir plusieurs bilan prévisionnels en intégrant une hypothèse réaliste ( sur la base de chiffres constatés dans le secteur d’activité ), une hypothèse optimiste ( 10 à 20 % selon la concurrence ) et une hypothèse pessimiste ( chiffre d’affaires à dévaluer de 20 % environ ).