Le prêt brasseur

Financer l’ouverture de son restaurant, bar, bistrot ou café peut donner un mal de tête à l’entrepreneur. En effet, si le projet est prometteur, le concrétiser n’est pas facile, car cela coûte cher. C’est sans compter sur le prêt brasseur. Ce financement sans apport à destination des exploitants de débit de boissons est une manne pour tous les porteurs de projet qui souhaitent concrétiser leurs rêves. Le point sur ce type de financement.

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Le prêt brasseur : c’est quoi exactement ?

Le prêt brasseur, appelé également contrat brasseur ou contrat bière est un contrat qui consiste pour un distributeur à s’approvisionner exclusivement auprès d’un brasseur (un fournisseur de boissons) sur un nombre défini de marchandises en échange d’une aide financière ou matérielle. Toutefois, dans certains cas, le prêt brasseur peut ne pas engager totalement les deux parties, il s’agit alors d’un contrat à exclusivité partielle.

À noter que le contrat brasseur est une pratique qui existe depuis le Moyen-Âge. Il concerne aussi bien la bière que le café, le vin et d’autres boissons, à l’exception des spiritueux.

Attention, il est impossible de conclure plusieurs prêts brasseurs. Auquel cas, les fournisseurs lésés peuvent demander des indemnités financières.

Qui peut obtenir un prêt brasseur ?

Le contrat brasseur est destiné aux professionnels de l’hôtellerie et de la restauration : propriétaire d’un restaurant, d’un bar, d’un bistrot ou d’un café.

Le fournisseur peut être un grossiste en boissons ou un groupe de distribution. Les principaux prêteurs du crédit brasseur en France sont :

  • France Boissons (Heineken).
  • Elidis (Kronenbourg).
  • Inbev (Stella Artois et Beck’s).

Les principes du contrat brasseur

Contrairement à ce que le terme pourrait laisser croire, le prêt brasseur ne se limite pas à une somme d’argent. Voici ce que les brasseurs peuvent faire :

  • Prêter la totalité des sommes dont le distributeur a besoin pour lancer son activité. Le montant varie de quelques milliers d’euros à plusieurs dizaines de milliers d’euros.
  • Se porter garant auprès de la banque au profit d’un distributeur qui souhaite solliciter un crédit bancaire.
  • Prêter une machine à café.
  • Installer une pompe à bière.
  • Fournir des matériels ou des marchandises à paiement différé dont le distributeur a besoin. Dans ce cas, c’est le fournisseur qui assure la maintenance des machines à ses frais.
  • Obtenir une licence pour bière (licence IV).
  • Faire des travaux de rénovation.

Le prêt brasseur est matérialisé par un contrat signé entre les deux parties qui en définit :

  • La durée de l’exclusivité : le contrat dure généralement 5 ans au terme duquel l’entreprise garde la totalité des matériels si le prêt est totalement remboursé. Préciser si l’exclusivité est totale ou partielle.
  • Le montant du prêt et le mode de versement.
  • La nature du prêt (si le distributeur fournit des matériels ou des services) et les contreparties. Le contrat doit mentionner la valeur des matériels, le nombre de pièces, etc.
  • Le volume minimum de bières exprimé en hectolitres que le distributeur doit commander tous les ans.

Les avantages et les inconvénients du contrat bière

Le prêt brasseur est une véritable alternative au crédit bancaire. En effet, les brasseurs demandent généralement des garanties moins élevées. De plus, l’exploitant n’a pas besoin de présenter un business plan bien ficelé pour solliciter un financement. En outre, le prêt brasseur permet de financer le projet sur le long terme. D’ailleurs, en France, près de la moitié des établissements seraient financés par le prêt brasseur.

Toutefois, le prêt brasseur a des limites qu’il faudra bien prendre un compte avant de signer le contrat.

D’abord, la clause d’exclusivité limite les actions de l’exploitant. Ainsi, s’il souhaite vendre des bières artisanales ou bios pour élargir sa clientèle, il risque de rompre le contrat, avec la sanction financière qui en découle. Il faut donc se préparer à vendre les mêmes bières que la concurrence, c’est-à-dire des bières de grande marque.

De plus, s’il n’arrive pas à s’acquitter de sa dette au terme du contrat, celui-ci sera prolongé.

Par ailleurs, les prix pratiqués par les brasseurs sont très élevés par rapport à ceux du marché, réduisant la marge de manœuvre des exploiteurs. Dans ce cas, il est nécessaire de négocier auprès du commercial du fournisseur pour bénéficier de remise ou du prix du marché.

En outre, le volume minimum de bières à commander par an constitue également un frein. Avec un prix élevé, le distributeur a du mal à vendre sa marchandise. Pour ne pas risquer la faillite, il ne faut pas hésiter à négocier ce point du contrat.

Enfin, la clause de porte-fort du distributeur empêche la rupture du contrat avant son terme. En effet, il est quasiment impossible de trouver un repreneur qui accepte le contrat brasseur. Généralement, il négociera les conditions pour défendre ses intérêts.

Comment obtenir un prêt brasseur ?

La première chose à faire est de contacter le commercial d’un fournisseur de boissons. Pendant le rendez-vous, quatre points essentiels devront être négociés :

  • L’exclusivité : même s’il s’agit du point essentiel du contrat, il est toujours possible de négocier pour qu’elle soit plus flexible. Par exemple, convaincre le commercial de proposer des marques de bières artisanales ou bios, ou demander la possibilité de vendre des marques moins connues.
  • Les volumes : d’emblée le commercial va essayer de définir un volume de commandes élevé. Toutefois, il est possible de le revoir à la baisse grâce à une bonne négociation.
  • Les modalités de rupture du contrat : notamment la clause de porte-fort du distributeur.
  • Les prix des boissons : demander des remises ou des offres exceptionnelles (par exemple, un tel nombre de fûts achetés, un fût gratuit) pour garder un tarif bas et rester concurrentiel.

Toutefois, il est également possible de contacter un établissement de crédit et de demander à un brasseur de se porter garant pour obtenir un prêt bancaire.